Au détour d’une collines surplombant la mer on découvre un dôme fait de bois. Des branches d’olivier sciées avec précision et disposées les unes contre les autres jusqu’à former une structure hémisphérique étonnante de précision. Comme les pierres du Machu Picchu qui s’imbriquent sans mortier les branches se combinent telles les pièces d’un puzzle. On en oublierait que leur forme naturelle est celle aléatoire et organique d’un arbre.
Un bruit de moteur, une vielle jeep Suzuki Santana se gare, Petros en sort et vient vers nous. Il nous explique l’art de fabriquer du charbon. La collecte du bois sur des arbres dont on n’ose lui demander s’ils sont les siens, la constitution du dôme, la disposition d’un manteau de ferraille scellé d’une couche de terre hermétique. Comme le bar à la croute de sel, le charbon à l’argile. On opère de petites ouverture qu’on bouche et qu’on ouvre au fur et à mesure pour alimentaire le foyer en oxygène ou l’étouffer. Il faut éviter à tout prix que le tout ne s’embrase. Maîtriser la température, la garder aussi basse que possible. Il faut surveiller ce sein de chaleur, cette mamelle fumante durant plusieurs jours. Petros est un architect, un architect du feu. Pour qui sait le maîtriser le feu n’est pas destructeur, il est créateur.