Ce sont toujours les mêmes passagers. La famille avec les enfants qui regardent un programme sur la tablette, les personnes âgées qui retirent leur chaussures pour s’allonger sur la banquette entourés de leurs bagages, les hommes en tenue camouflage sur le pont extérieur, les militaires en permission, le type aux cheveux longs habillé en noir qui roule des cigarettes. Ce sont toujours les mêmes passagers, d’un bateau à l’autre. Leurs bagages sont vides, leur café n’a pas de caféine et leurs mégots n’ont pas de nicotine. Ils ne vont nul part. Ils errent éternellement d’un navire à l’autre sans jamais toucher terre, ils viennent chercher la chaleur de la salle des machine, les vibrations du plancher, les bercement de la houle. Ils viennent chercher le réconfort que seule la noirceur d’une nuit sans lune peut apporter. Ils demandent à la mer de leur rendre ce que la terre leur a pris. Ils viennent chercher l’apaisement du large.