Tous le monde ment. Sans exception. Ici plus qu’ailleurs. A différents niveaux, plus ou moins, plutôt plus que moins. Anthoni dit qu’il ne faut pas croire plus de 20% de ce que raconte Dimitri, et encore. Tout le monde entretien un rapport diffus au réel. La vérité est une option qu’on choisit rarement. On exagère, on enjolive quand on ne crée pas tout de toute pièce. On s’invente une vie meilleure, parallèle à son vécu et a son histoire. Les mots permettent de réparer ce que la vie n’a pas permis. On ment pour impressionner, pour séduire, pour se flatter, pour vaincre l’ennui.
Dimitri dit que c’est lui qui a quitté sa femme, il dit que pour tuer le temps il attrape des serpents à mains nues et leur laisse la vie sauve, Vassilis dit que son bateau atteint les soixante noeuds, Elias dit que la psy a dit que son problème de boisson ne posait pas de problème pour son couple tant qu’il baisait sa femme… Je mens à ceux qui me demandent ce que je fais là.
On ment à ses amis, à ses voisins, à sa famille, mais on préfère mentir aux étrangers, aux touristes égarés qui ne demandent qu’à croire. Personne n’est dupe mais tout le monde accepte. Il ne s’agit pas de tromperie mais de fiction orale.
Les enfants mentent, c’est un étape normal de l’évolution. Ici personne n’a quitté ce stade précoce. Le mensonge comme bain de jouvence éternelle. Wittgenstein dit que pour mentir il faut connaître la vérité. Mais ici la vérité tout le monde l’à oublié il y a bien longtemps. C’est ici qu’on a créé la mythologie, ramassis de mensonges qu’on enseigne encore à l’école, car on s’est rendu compte que ce qui comptait finalement c’était la beauté plus que la vérité. Raconter des histoires il n’y a que ça de vrai. Et si quelqu’un veut bien les entendre alors tout le monde est heureux.