Yorgos

Yorgos s’inquiète de la longue route qui nous attend jusqu’au village dans l’obscurité. Il place une chaise au milieu de la route déserte en guise de barrage, une chaise bleue pour feu rouge. Au bout de 30 secondes apparaît un pickup avec un vieil homme au volant. Le véhicule s’immobilise face au siège, le bois à vaincu la taule. Yorgos saute sur le chauffeur et lui intime de nous conduire au village, il confisque la casquette du conducteur jusqu’à ce dernier obéisse. Au bout de 500 mètres de route sur une piste bétonnée notre homme se range au bord de la route, éteint le moteur, dit quelque chose au sujet de chèvres et de lait, allume la radio et dit à toute à l’heure… il ouvre sa portière et disparaît dans la noirceur de la nuit. Le temps passe et nous sommes seuls sur la banquette avant du camion, coincés entre une boîte de vitesse fatiguée et une portière qui grince, la lueur orangée de l’écran de l’autoradio pour seul éclairage. La chanson, une longue litanie se prolonge encore et encore… Au moment précis où le morceau se termine notre chauffeur éleveur réapparaît, la nuit l’a recraché, il porte 15 litres de lait, les chèvres ont êtes généreuses.
La veille au village parmi les maisons en ruine, derrière des murs effondrés et des toits éventrés, à travers une fenêtre qui tenait par miracle on aperçoit un soufa, le lit traditionnel, encore intact parmi les gravats de pierres, il se dresse du haut de son escalier, en lévitation au dessus du sol, c’est l’âme de la maison. Le lit matrimonial défie le temps et le destin. Le bois a vaincu la pierre.

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