L’ouzo

Je fais remarquer à Alexandra que les grecs ne boivent pas d’ouzo, que seuls les touristes en boivent, que les grecs affublent l’ouzo de tout un tas de maux, celui de tourner la tête, de donner la migraine. Les grecs boivent du whisky. Alexandra acquiesce un peu gênée, comme un secret honteux qu’on préfère taire. Alors ce soir au kafenion, Luigi, Giancarlo et moi commandons une bouteille d’ouzo. Grec d’adoption, grec aspirant ou grec de passage on boit une peu comme un rite de passage, comme un acte initiatique auquel les locaux se soustraient, on boit surtout pour les mezedes. Les assiettes ne cessent de se succéder, de recouvrir la table et on se demande tous comment une si petite bouteille peut générer un telle quantité de nourriture, comment un si petit flacon peut justifier une telle profusion d’assiettes, bols et soucoupes, hors de toute logique économique, le patron doit avoir perdu la raison, c’est nous qui buvons et lui qui est ivre. Alors ce soir on aime encore plus que jamais l’ouzo, ce breuvage magique qui a le pouvoir de rassasier plus que de saouler.

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